Témoignage: « Un accouchement en douceur mais des nuits difficiles »

Un jour de novembre 2018, Sacha est né à la maternité de Port-Royal à Paris. Dans cet article, je vous raconterai comment s’est passé mon accouchement, un accouchement en douceur mais avec des premières nuits difficiles.

Aujourd’hui j’inaugure une nouvelle série d’articles: les récits d’accouchement. Je demanderai à des mamans de nous raconter leur accouchement avec leurs sensations et leurs ressentis, afin de partager les expériences de chacune. Le but n’est ni de faire peur, ni d’embellir cet événement mais de le relater en toute simplicité.

La journée précédente

J’étais seule car mon mari était parti sauter en parachute toute la journée. Ça m’avait d’ailleurs rendu malade. Je pleurais beaucoup car je voulais qu’il reste avec moi à la maison, plutôt que de prendre des risques en sautant en parachute. De plus, je craignais qu’il manque la naissance du bébé et que je sois seule durant l’accouchement.

La semaine d’avant ma mère était venue m’aider à finir de préparer les affaires du bébé et ma valise pour la maternité. J’étais donc prête et assez sereine, même si je n’avais aucune idée de ce qui allait m’arriver.

Moi enceinte de 8 mois, attendant la naissance de Sacha. J'ignorai à ce moment qu'après l'accouchement les nuits seraient si difficiles
Photo prise la semaine précédant l’accouchement (Copyright: Lucie Bataille)

Ce jour-là mon mari est rentré assez tard, afin de profiter un maximum de sa journée car il savait qu’il n’en aurait bientôt plus d’autres. Il ne pensait pas si bien dire…

Les premières contractions

Un peu avant minuit, je suis partie me coucher et j’ai décidé de lire un peu avant de dormir. Rapidement, j’ai senti des crampes d’estomac semblables aux douleurs de règles. Dès que j’ai remarqué à quel point elles étaient régulières, j’ai compris que j’avais des contractions.

Je n’ai pas eu peur. A vrai dire, j’étais super excitée que le grand moment arrive. Je me suis tout de suite levée et ai pris mon téléphone pour chronométrer mes contractions. Elles étaient très régulières.

J’ai attendu 1 heure avant d’aller voir mon mari pour lui dire que je pensais avoir des contractions. Conformément à ce qu’on nous avait dire de faire, on a attendu encore 1 heure avant de se mettre en route pour la maternité. Pendant que mon mari essayait de dormir un peu, moi je suis restée debout en agrippant une chaise à chaque contraction qui commençait à être douloureuses.

Je respirais bruyamment pour calmer mes douleurs. Clairement à partir de ce moment-là, j’avais tout oublié de mes cours de préparation à l’accouchement.

Le trajet à la maternité

Au bout d’1 heure, les contractions étant toujours là et de plus en plus rapprochées, j’ai réveillé mon mari pour qu’on parte à la maternité. Je me suis habillée rapidement et nous sommes partis à pied. Nous habitons à 15 minutes à pied de la maternité. 15 minutes quand on marche normalement…

Je pense qu’on a dû mettre 30 minutes pour faire le trajet. Je devais tout le temps m’arrêter pour attendre que les contractions passent. Il était environ 3h du matin.

J’avais fait la visite de la maternité, je savais donc où me diriger à l’arrivée. J’ai rapidement été accueillie. Après examen, on me dit que je suis à 3 cm et que le bébé va bien arriver aujourd’hui. La sage-femme m’invite à aller marcher dans le couloir.

Pour celles qui vont accoucher à la maternité de Port-Royal, voici un lien pour accéder à la visite virtuelle. J’imagine que les visites en physique sont annulées en cette période de covid. Si certaines veulent me poser des questions sur cette maternité, n’hésitez pas à me contacter.

Le travail

Les contractions sont de plus en plus douloureuses.

C’est une douleur très pénible dans le bas ventre. Elle se diffuse un peu partout dans le bas du dos, les jambes. On a l’impression que rien ne peut nous soulager et c’est d’ailleurs le cas.

Après 1 heure à déambuler dans le couloir, je retourne voir la sage-femme. Le col s’est encore dilaté mais je dois continuer à marcher. C’est un coup dur au moral mais j’y retourne.

Mon mari essaie de me soulager en faisant rouler une balle de tennis dans le bas de mon dos. Le pauvre ne sait pas trop où et comment appuyer. Il me fait plus mal qu’autre chose.

Le choix de la péridurale

Je n’arrête pas de regarder ma montre. A 5h du matin, j’attends de nouveau la sage-femme car je n’en peux plus. Elle m’examine encore et me dit que je suis à 5 cm. Comme elle voit que je suis à bout, elle me demande ce que je veux faire. Au début, je lui dis que je souhaite continuer car j’avais en tête d’accoucher sans péridurale (la maso…). Puis je lui demande quand est-ce que je peux rentrer dans la chambre nature, là où je pensais accoucher et utiliser le matériel pour me soulager.

Elle m’informe alors que le seul intérêt de la chambre nature est la baignoire et qu’elle est cassée. Elle m’explique que j’aurai plus de place pour marcher dans les couloirs. A partir de ce moment-là, je perds tout mon courage et je n’ai plus du tout envie de continuer à marcher comme ça et endurer ces douleurs.

Ma crainte avec la péridurale c’était qu’elle nuise au travail des contractions et que le bébé ne descende pas. Alors lorsque la sage-femme avec beaucoup de douceur me dit que j’ai déjà fait le plus gros du travail, je finis par accepter la péridurale.

Main tenant une seringue pour illustrer le moment où j'ai choisi la péridurale. Mais finalement le plus dur ce n'est pas l'accouchement mais les nuits difficiles
Le choix de la péridurale

Au moment de me rhabiller, j’éclate en sanglots dans les bras de mon mari, à cause de la douleur et de la peur que j’avais contenue jusqu’à maintenant. Je pense que j’ai aussi pleuré de soulagement. Car la péridurale signifiait la fin de la douleur.

Peut-être aussi que j’étais très déçue car j’avais l’impression d’avoir échoué. Alors qu’en fait, accepter la péridurale n’est pas du tout un signe de faiblesse.

L’attente

Ensuite on m’a installé en salle d’accouchement et j’ai encore dû attendre de longues minutes avant que quelqu’un vienne m’installer la péridurale. Devoir rester assise pendant que les contractions arrivaient était une vraie torture. Heureusement la péridurale a rapidement fait effet et j’ai enfin pu me détendre. Une fois la péridurale posée, on sent encore les contractions mais de très loin. Je crois qu’il était 7h du matin.

J’ai pu me rendormir un petit peu et mon mari également. Installé sur sa chaise, il n’arrêtait pas de se plaindre parce qu’il était fatigué. Cette blague…

La délivrance

Vers 12h, la sage-femme décide de percer la poche des eaux pour accélérer le travail. Effectivement tout va très vite ensuite. Je me mets sur le côté, la position dans laquelle je souhaitais accoucher et je pousse une première fois. Mon mari m’encourage comme si j’étais une grande sportive. Puis je pousse une seconde fois. La tête du bébé est sortie.

La sage-femme me propose de toucher la tête du bébé. J’avoue, j’ai trouvé l’idée un peu bizarre alors j’ai décliné. Puis il paraît que le bébé est sorti tout seul, le corps médical autour de moi était très émerveillé. Oui il faut dire que souvent on n’est pas tout seul en salle d’accouchement. Moi j’étais un peu dans ma bulle.

Les premiers instants avec bébé

S’en suivent des secondes qui nous paraissent très longues à moi et mon mari, jusqu’à ce qu’on entende Sacha pousser son premier cri. Très vite, on me pose cette petite chose un peu sanguinolente sur moi, sous mon tee-shirt. Il est si petit… J’aimerai être à la place de mon mari pour le voir car collé tout contre moi je ne peux pas le regarder.

Une main de bébé dans celle d'un parent pour illustrer la rencontre avec bébé
La rencontre avec bébé

Puis les sage-femmes le reprennent pour faire la toilette et les examens plus poussés. Elles le mettent ensuite dans la couveuse et je vois mon mari qui se penche au-dessus de lui tout ému. Je les prends en photo avec mon téléphone, je veux garder un souvenir de ce moment.

La 1e tétée

Une infirmière m’apporte Sacha pour la 1e tétée. Comme c’est la 1e fois, elle me montre rapidement la mise au sein. Je suis un peu stressée. J’ai une légère malformation et Sacha a dû mal à téter. Alors elle presse très fort sur le bout de mon sein pour faire sortir le colostrum. Elle me fait super mal et je me mets même à saigner… Merci pour son « aide »!

Ensuite, elle me donne un bout de sein en silicone et Sacha peut enfin téter. Autant vous dire que cette 1e expérience n’a pas été très agréable.

Le retour en chambre

Finalement on m’emmène en fauteuil roulant dans ma chambre, Sacha sur mes genoux. Mon mari nous accompagne. Pour mon 1er repas, mon mari me laisse le choix. Alors j’opte pour un bon burger de chez Big Fernand. On mange dans la chambre.

Sacha est assez paisible. J’ai assez peu de souvenirs du reste de la journée, tout est passé assez vite. Je pense que Sacha n’a fait que dormir. Je peux enfin le regarder. Je le prends en photo tant qu’il est paisible. La ressemblance avec mon père est frappante sur certaines d’elles.

En revoyant les photos je me dis qu’il n’était pas très beau. Pourtant à l’époque je me souviens m’être dit qu‘il était parfait.

En fait pour une mère, avoir un enfant en bonne santé à la naissance c’est tout ce qu’on demande.

Une collègue m’avait dit ça il y a quelques années et je n’avais pas compris. Jusqu’à ce jour-là.

Des petits pieds de bébé pour illustrer qu'un bébé en bonne santé est déjà la perfection
Un bébé en bonne santé

Après l’accouchement, les 1e nuits difficiles

Je me souviens assez bien de la première nuit. Tout d’abord, j’ai changé ma 1e couche. Comme je vous avais raconté dans mon précédent article, c’était la 1e fois que je changeais une couche et j’étais très maladroite. En plus, Sacha ne faisait que hurler, ce qui n’a fait qu’accentuer mon stress.

Ensuite, presque toutes les heures il se mettait à pleurer, soit pour manger soit parce qu’il avait fait pipi. Je ne sais plus. Ça, plus les sage-femmes ou les infirmières qui passaient me voir toutes les heures. Je me souviens juste ne pas avoir dormi de la nuit.

Au matin quand la sage-femme (celle qui m’a « gentiment » montré comment changer ma 1e couche) est revenue pour me demander comment s’était passée la nuit, je lui ai dit avec une tête de déterrée que je n’avais pas dormi de la nuit. Elle m’a répondu non sans ménagement: « ah bah oui comme dans toutes les autres chambres! »

Alors d’un côté ça m’a soulagé de savoir que ce que je vivais n’était pas exceptionnel, mais de l’autre un peu de compassion m’aurait fait du bien.

C’était le premier signe évident du total abandon dans lequel se retrouve une mère après la naissance de son enfant. Tais-toi et materne!

Les jours suivants

J’avais extrêmement mal au moment d’allaiter, malgré les bouts de sein en silicone. Lorsque la montée de lait est arrivée et que Sacha s’est mis à téter toutes les heures, j’ai vécu un calvaire.

A chaque fois que je me plaignais à une sage-femme, elle me demandait si je faisais bien la mise au sein, elle me remontrait mais rien n’y faisait. Pas une seule n’a pris le temps de m’examiner. C’est seulement le dernier jour lorsque le docteur l’a fait qu’elle a découvert une crevasse probablement lié au pincement lors de la 1e tétée.

Concernant l’état du bas de mon corps, comme beaucoup de femmes j’ai eu beaucoup d’appréhension pour aller la 1e fois aux toilettes. On se demande dans quel état est le chantier. J’ai utilisé la douche pour m’essuyer tellement j’avais peur.

Sacha a eu du mal à prendre du poids. Je pense que c’était lié à mon problème d’allaitement. On a dû nous garder jusqu’à ce qu’il reprenne son poids de naissance. Lorsqu’on m’a annoncé que je devais rester un jour supplémentaire, je me suis mise à pleurer. J’en avais marre d’être toute seule avec mon bébé. Mon mari venait la journée. J’ai aussi eu la visite de ma mère, de mon beau-frère et sa copine. Mais les nuits étaient le plus difficile à vivre après l’accouchement.

Un sentiment d’abandon et de solitude

J’étais vraiment dans le plus grand désarroi. J’avais l’impression de découvrir seule et avec violence la dure réalité des mamans. Je me sentais totalement abandonnée.

Une femme seule pour illustrer le sentiment d'abandon qui suit l'accouchement avec les nuits difficiles
Se sentir totalement abandonnée

Pendant toute ma grossesse, je m’étais focalisée sur l’accouchement mais je n’aurai pas imaginé que le plus dur après l’accouchement allait être les nuits difficiles qui allaient suivre.

On suit des cours de préparation à l’accouchement. Notre corps se transforme doucement pendant 9 mois pour accueillir le bébé. Les douleurs de l’accouchement peuvent être atténuées grâce à la péridurale. Durant toute la grossesse et encore jusqu’à l’accouchement, tout le monde est au petit soin pour la maman. Mais à partir du moment où son bébé naît, toute l’attention ne se porte plus que vers lui.

Mais la détresse que la mère peut éprouver face à son bébé, le manque de sommeil, la montée de lait, les tranchées, notre corps abîmé par l’accouchement… tout ça nous devons l’affronter seule dans notre petite chambre d’hôpital.

La sortie

Finalement Sacha a fini par remonter dans la courbe de poids et j’ai été autorisée à sortir. Comme à l’aller, nous avons fait le chemin du retour à pied. Sacha était dans le porte-bébé tout contre moi à l’intérieur de mon manteau. Il n’a pas bougé ni couiné de tout le trajet. J’avais l’impression de transporter la chose la plus fragile du monde. Ou une bombe…

Arrivés à la maison, je me suis écroulée dans le canapé. Après l’accouchement et les premières nuits difficiles, j’étais enfin chez moi avec mon bébé en bonne santé. Je savais qu’au moins maintenant on serait deux pour se soutenir.

Puis notre vie à 3 a commencé.

2 paires de pieds de parents avec des chaussures de bébé pour illustrer notre nouvelle vie à 3
Une nouvelle vie à trois

Ce dont je me souviendrai

Au final, je me souviens très bien de la douleur des contractions qui ont été très pénibles. Mais la délivrance a été plutôt rapide et douce donc je garde globalement un bon souvenir de l’accouchement. Par contre je n’étais pas du tout préparée à vivre des nuits aussi difficiles après l’accouchement.

Clairement j’aurai aimé que mon mari puisse être avec moi la nuit pour me soutenir moralement. Et surtout j’aurai apprécié avoir un accompagnement plus bienveillant et plus empathique de la part du corps médical qui m’a entourée après l’accouchement.

Me sentir complètement seule et désemparée avec mon bébé est un souvenir très pénible pour moi. Et malheureusement ce sentiment a duré durant presque tout mon congé maternité.

Je ne peux que conseiller fortement aux jeunes mamans de demander de l’aide et/ou d’avoir de la compagnie si elles le peuvent et si elles en ressentent le besoin.

Et pourquoi pas, avoir recours à une doula? Ce sont des femmes qui accompagnent les mères avant, pendant et après la naissance créant un lien de complicité et de confiance avec elles.

J’espère que cette nouvelle série d’articles sur les accouchements vous plaira. Et vous, qu’avez-vous trouvé le plus pénible? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué?

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